Ian McEwan est né le 21 juin 1948 à Aldershot. Son père est un officier de l’armée et il passe pour cette raison son enfance dans différents pays de l'Est Asiatique, de l'Afrique du Nord et en Allemagne. Il a fréquenté l'Université de Sussex et de l'Est Anglia. Il publie comme premier ouvrage en 1975, une collection de nouvelles intitulée Premier Amour, derniers Rites qui obtient en 1976 le prix Somerset Maugham. Il écrit ensuite le Jardin du Ciment et le confort des étrangers, deux romans qui lui valent le surnom de « Ian macabre » en rapport avec le contenu de ses écrits.

Ses romans ont eu en général beaucoup de succès et bon nombre d’entre eux ont été récompensés par un prix littéraire comme par exemple Amsterdam qui a reçu le prix du libraire. Le livre le plus récent de Ian McEwan, Solaire, a été publié par Jonathan Cape et Doubleday en mars 2010. Cet auteur a également reçu le prix Shakespeare par la Fondation Alfred Toepfer à Hambourg en 1999. Il est aussi membre de la Société royale de la littérature, de la Société royale des Arts, de l’Académie américaine des arts et des sciences.

Quant à sa vie privée, Ian McEwan a été marié deux fois et il a découvert qu'il avait un frère adopté durant la seconde guerre mondiale. Le superbe roman que l'on découvre aujourd'hui, Sur la plage de Chesil, a été publié en 2007.

Amour ou désamour ? L’intrigue se déroule autour du mariage de Florence et d’Edward, deux êtres doués, respectivement l’une en musique et l’autre en histoire. Dans l’Angleterre des années soixante, les deux jeunes amoureux ont décidé de se marier. Le cœur de l’histoire est leur mariage et leur nuit de noces. La nuit "fatidique" car leur amour est chaste jusqu’à leurs noces. Il s’avère que Florence éprouve de la répulsion et du dégoût pour l’amour charnel.

Edward se sent trahi par cette attitude : Florence est frigide et refuse les rapports sexuels. Son époux est impuissant et maladroit tant il l’a attendue. L’action du livre commence par leur mariage et leur amour est raconté par des analepses : toute la période des fiançailles est décrite de même que les images de la mer et de la plage sont merveilleuses. Le lecteur imagine très bien Florence courant sur la grève échappant ainsi à son mari et à sa nuit de noces.

Ce roman, avec le recul lié à notre époque nous amène à une critique des mœurs passées en Angleterre et toujours en cours dans certains pays : celle d’unir par le mariage des jeunes gens inexpérimentés qui ne se connaissent pas intimement ce qui voue leur union à un échec.

Les coutumes en Angleterre et en France ont énormément changé comme chacun sait. Est-ce mieux de se connaître parfaitement avant le mariage quand on songe au nombre de divorces qui explose ? Ou les gens assumaient-ils autrefois de ne pas s’aimer véritablement et de rester ensemble ? Les divorces étaient en effet assez rares à l’époque.

Florence a un véritable talent pour la musique et c’est sa vraie passion et non pas l’amour pour un homme. Elle est impuissante et frigide en amour tandis que la maîtrise de son instrument, le violon, est parfaite. Femme peut-être trop brillante, trop cérébrale, pour aimer l’amour charnel plus commun. Elle fait partie d’un petit groupe qui interprète des musiciens géniaux comme Beethoven.

Vers la fin de sa vie, Florence est décrite comme un être extraordinaire avec son instrument : la musique est son amour réussi, sa passion, sa générosité, se voient et se transmettent par ce biais. Pour connaître le devenir du mariage de Florence et d’Edward ainsi que leur avenir, lisez Sur la plage de Chesil, un roman qui relate très bien les leurres du mariage du siècle dernier car les bonnes mœurs interdisaient les rapports sexuels avant le mariage et les jeunes gens n’étaient pas prêts le jour J à s’aimer totalement, trop maladroits de s’être trop attendus et ne connaissant pas assez l’amour physique.

Les descriptions du paysage marin sont somptueuses et se prêtent à jouer le rôle de refuge pour Florence, qui fuit son mari et le trouve écœurant telle une petite fille devant un homme alors qu’elle a tout de même l’âge du mariage. Une nuit de noces, le tournant d’une vie…